Discordian Records - Mai 2007

1 / Tout d'abord petite présentation…Qui se cache derrière Discordian Records ?

DISCORDIAN Records a été créé en Janvier 2003. C'est un label dédié aux musiques electroniques " underground ", de l'electro-pop à l'indus, même si une de nos 1éres signatures (NOISE SURGERY) est un groupe de hardcore noisy. Nous en sommes à notre 11ème production (14 si on compte les vynils) et notre catalogue comprends 3 albums de ROSE ET NOIRE (techno arty), la ré-edition de DELKOM (projet monté par Gabi Delgado de D.A.F. dans les 80's), SOL IXENT, ORIGINAL MOLOCK PRODUCT, EL BARÖN BRISSETTI, MONTEL et 2 co-productions : le dernier SULPHURIC SALIVA (avec MARK XIII) et la compil " Elektrowave vol.1 ". Pour plus d'infos, merci de vous reporter sur le site www.discordianrecords.com

DISCORDIAN ç'est principalement moi-même, secondé par 2-3 personnes pour ce qui est du graphisme, web mastering, logistique, etc… Nous avons tous une activité principale qui nous permet de garder une vraie liberté dans nos choix artistiques. L'idée est de mettre en lumière des artistes pour lesquels nous avons craqué. Cette liberté a un prix : encore aujourd'hui nous continuons à tenir le label sous perfusion, l'objectif étant d'arriver à l'équilibre. De plus la fragilité des réseaux de distribution est une difficulté supplémentaire.

2 / On trouve en Grenoble un des berceaux de la techno incarnée par Goodlife, ce n'est pas dur de faire sa place dans ce contexte ?

C'est vrai que les médias et le public ont tendance à se focaliser, souvent pour des raisons légitimes, sur GOODLIFE quand il s'agit d'évoquer la scène grenobloise. Hormis GOODLIFE et ses satellites comme OZONE Records et NOTORIOUS-ELEKTRO (avec lequel nous avons co-produit la compilation " Elektrowave vol.1 ") il existe en local de nombreuses structures et artistes qui élargissent le spectre des musiques electroniques : HADRA pour la psyché-trance, MARK XIII pour la techno-indus , TOMCATS IN TOKYO (Abstrakt-techno), MONSIEUR CLAUDE (House) pour n'en citer qu'une poignée. En résumé, plus qu'un arbre qui cacherait la forêt GOODLIFE a créé un flux d'aspiration qui permet à l'ensemble des acteurs de la scène grenobloise d'être repérés plus facilement sur la cartographie des musiques electroniques et de démontrer la richesse et l'étendue de la créativité locale qui ne marche pas forcément dans le sillage du label de référence.

3/ En tant que Label indépendant, vous vivez de l'intérieur la crise du vynil, la montée en puissance du format MP3, comment voyez vous l'évolution du marché du disque ?

Il apparaît une équation qui peut faire froid dans le dos : en 3 ans les ventes de CDs ont baissé de 40% et à ce jour la vente de musique dématérialisée (en légal) ne représente de 3 à 5% du marché total. Le paradoxe est qu'il n'y a jamais eu autant de sorties. Le résultat est une grande confusion et une panique totale des acteurs du marché qui se traduit de plusieurs manières : dépots de bilan, prises de risques minimisées, concentration à outrance des réseaux de distribution, un public schizophrénique, etc….. . Une somme de facteurs qui déstabilise le marché et rend les perspectives plutôt sombres. Je pense que le marché devrait se stabiliser dans les 1 ou 2 ans à venir avec un équilibre entre le support traditionnel et la musique dématérialisée.

Mais d'ici là les dégats seront sérieux. Je reste persuadé que l'origine de cette crise est dûe à la " marchandisation " de la musique qui en a fait un produit de consommation et non plus culturel. En tant que marchandise, la musique subit de plein fouet la concurrence d'autres produits issus de la " nouvelle consommation " : téléphonie, jeux video, etc… Il est absolument nécessaire que la musique retrouve sa dimension culturelle et ne soit plus tributaire des lois du marché.

4 / Quels sont vos projets pour 2007 ?

La sortie imminente (date officielle le 26 Avril) de notre 11ème production : l'album de MONTEL " Dans mes rêves ", distribué en France par Productions Spéciales. MONTEL est un artiste parisien qui vit à Bruxelles dont le style evolue entre chansons electro et hip-hop oldschool. Il a été découvert sur la B.O. du film " Les poupées russes " de Cédric Klapisch avec le titre " Disco king " inclus dans l'album.

Ce sera la seule sortie sur le calendrier 2007. Nous allons profiter de ce répit pour continuer de travailler la promo des artistes (ROSE ET NOIRE, EL BARÖN BRISSETTI et SULPHURIC SALIVA) en fonction de leur actualité : concerts, sorties de maxis, etc…. On attend 2008 qui marquera les 5 ans du label et espérons pouvoir frapper un grand coup en termes de nouvelles productions et évènements. Si le grand Cric ne nous a pas croqué d'ici là………….

5 / Enfin, vu de Grenoble, que pensez vous d'un festival comme les Nuits Sonores ?

Les NUITS SONORES est certainement un des festivals qui a donné ses lettres de noblesse à la scène et la culture éléctronique….avec des débuts difficiles, le temps de gagner en légitimité. Sans aucun doute le plus important rendez-vous de l'hexagone avec souvent une programmation éclectique. Avec les années, comme tout festival, le risque est de présenter une facette trop consensuelle, effet de mode ou volonté inconsciente de plaire au " grand-public " en oubliant les marges.

Quoi qu'il en soit ce festival, ainsi que ses nombreuses ramifications (arty farty, etc…), participe à révéler une scène régionale bouillonnante et cela force le respect.