FLORE (Dark Fish)
- Juin 2004
1/
Peux tu te présenter et surtout nous dire comment tu es tombé dans
la musique électronique ?
Bonjour, Flore,
25 ans, menant une quintuple vie de dj la nuit, productrice l'après-midi,
serveuse le soir, chérie d'un garçon quand elle peut et organisatrice
de (petites) soirées quand elle en a envie… ça va comme ça ? : Sérieusement,
j'ai toujours été attiré par la musique et j'ai commencé à la pratiquer
assez jeune en apprenant le piano à 8 ans puis la guitare à l'adolescence.
A l'époque j'étais fan de U2 et connaissait les textes de Brel par
coeur mais j'avais une admiration et une passion pour Pink Floyd
et Led Zeppelin. Je n'ai découvert la musique électronique que bien
plus tard grâce à mon frère Mathias (ex vendeur d'expérience et
boss de darkfish) qui progressivement m'a fait écouter des morceaux
sortis sur Mo'wax ou bien Massive Attack, qui à l'époque n'était
pas très connu… mais mon premier gros choc fut de voir le clip de
" human behaviour " de Bjork sur MTV ou là, j'ai pris une sacrée
claque… ça réunissait le coté symphonique et orchestré de pink floyd
avec le coté sauvage et brutal de led zep…j'étais scotchée : Après
l'avoir vu en concert au transbordeur, en 96 je crois, j'ai passé
mon bac et arrêté les cours pour commencer à bosser avec une seule
idée en tête : m'acheter un sampleur et faire des morceaux, au grand
désespoir de ma mère : Et les choses se sont enchaîné, j'ai fais
des morceaux, j'ai rencontré des gens, puis j'ai commencé à mixer,
et rencontrer d'autres gens et enfin jouer de plus en plus… Entre
temps mon frère a monté son label (Darkfish - www.darkfish.fr
) sur lequel j'ai sorti mon premier maxi l'année dernière qui a
très bien marché, puisque toutes les copies sont vendues à ce jour.
Ce maxi m'a permit de rencontrer beaucoup de monde et de commencer
à jouer à l'étranger. Mon deuxième maxi, " Boogie Child " , sort
à la rentrée sur la label Lab-rok (www.lab-rok.com)
de Cédric Benoit aka Cedr'x. C'est allé très vite en fait. Avec
du recul je me dis que je me suis lancé dans ce milieu sans du tout
savoir ce qu'il était et je ne me doutais pas du tout que ça allait
autant me plaire :
2/ Tu as
mixé récemment aux Nuits Sonores, qu'est ce que cela fait de se
retrouver à l'affiche d'un tel festival, tu y vois une forme de
reconnaissance ?
Je ne dirais
pas de la reconnaissance mais plutôt un tremplin, car être sur l'affiche
d'un grand festival permet de toucher plus de monde, des gens qui
ne viendraient pas à une soirée drum' n bass ou une soirée breaks
parce qu'ils n'en connaissent que les points négatifs, trop dur
pour la drum ou trop " commercial " pour le breaks… de plus c'est
une mise à l'épreuve car il faut être 2 fois plus en forme et confiant
que d'habitude quand tu joues sur une aussi grosse plate-forme avec
autant de monde…c'est un challenge à mon goût… C'est très motivant
et encourageant.
3/ Tu voyages
beaucoup, notamment en Angleterre (Manchester, Londres) mais aussi
dans le sud de la France, comment ressens-tu ces différents publics
?
Les publics
sont très différents d'un endroit à l'autre et plus particulièrement
d'un pays à l'autre… Quand je joues breaks en France, je dois jouer
très large ou en tous cas essayer pas mal de choses avant de trouver
le style qui fera que les gens vont danser car le breaks n'est pas
très développé ici. Il faut séduire l'auditoire et ça peut prendre
du temps… En Angleterre ou ils connaissent bien ce style, tu peux
te permettre toutes les audaces et ils en redemandent : c'est très
excitant de mixer là-bas car tu peux aller très loin dans la provocation,
il n'y a pas de question de bon ou de mauvais goût si ce que tu
mets, tu le mets au bon moment… A Berlin, c'était très différent,
les gens aiment quand ça envoie, ils aiment le son dur et tranchant
; du coup le breaks ne marche pas encore super bien là-bas pour
l'instant… Pour la drum'n bass, c'est différent, car elle n'a plus
rien d' "underground " ni ici ni ailleurs donc ça marche partout
et plus tu joues dur, plus ça plait, surtout en France.
4/ Peux
tu nous faire partager des souvenirs de soirées sur Lyon ou sa région
qui t'ont marqué ?
Le premier
évènement qui m'aie marqué c'est le festival Aéronite. C'était mon
premier gros plateau et mon premier festival. J'étais très stressée
en arrivant. La sonorisation du lieu était vraiment horrible, beaucoup
de gens s'en souviennent, et même les grands djs comme dj Cam ou
Gilles Peterson n'était pas arrivé à caler un disque ; quand je
suis arrivée là-bas, j'étais persuadé de me vautrer complètement,
que ça allait être la dernière soirée de ma vie et que personne
n'allait plus jamais me faire jouer : Quand je suis passée aux platines,
j'ai baissé la tête sur mes disques en me disant que de toute façon,
il fallait que j'assure, que j' avais pas le choix. Après 1h30 de
mix, j'ai levé la tête et j'ai vu la salle pleine, avec des gens
le sourire aux lèvres et certains qui dansaient sur le bar, c'était
une vision incroyable ! Quand j'ai arreté de jouer, il devait y
avoir 1500 personnes qui criaient pour que ça ne cesse pas, et là,
franchement , c'est un sacré moment….j'étais très émue. L'année
dernière à l'ouverture des nuits Sonores à la piscine du Rhône,
j'ai passé un autre très bon moment. A l'époque les gens me connaissait
surtout pour mes sets drum'n bass et ce soir-là j'ai joué breaks
pour la première fois devant autant de gens. L'ambiance s'est métamorphosée
et des gens m'en parlent encore. Autant l'aéronite a été fait dans
la douleur et le stress autant le set de la Piscine a été un moment
très drôle et déjanté. Le cadre y était aussi pour beaucoup…
5/ Quels
sont tes projets pour cette année 2004 ?
J'ai l'intention
de sortir quelques maxis. Le premier devait sortir cet été mais
la date est repoussé et sa sortie est prévu pour la rentrée. Les
suivant à la fin de l'année, dont peut être un en auto-production,
mais pas de dates de sortie prévues pour l'instant. J'espère jouer
de plus en plus à l'étranger , continuer à avoir de belles dates
en France… Et puis partir un peu en vacances…d'ailleurs, je joue
au bord de la plage dans le cadre d'un festival en Sardaigne début
septembre…si ça intéresse quelqu'un : www.sunandbass.net
6/ Dans
quels pays, endroits, soirées aimerais tu mixer ?
Comme tout
amateur de breaks qui se respecte, j'aimerais jouer en Australie,
car là-bas ils sont en avance de 15 ans sur nous…la scène est énorme
là-bas… Jouer à la Fabric à Londres serait vraiment génial, pour
jouer sur le meilleur sound system au monde … Mais ce n'est pas
au programme pour l'instant, ce sont de vrais fantasmes pour l'instant
: J'aimerais, et c'est beaucoup plus réalisable, jouer plus souvent
dans les pays francophone comme la Belgique et la Suisse et retourner
à Berlin, ville que j'ai adoré…J'aimerais aussi jouer en Espagne
ou au Portugal, mais je n'ai absolument aucun contact là-bas. Et
beaucoup moins loin, j'aimerais jouer à Toulouse et Marseille, je
n'y suis encore jamais allée…
Flore merci
!
Merci à toi
!
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