Nuits
Sonores - Les Subsistances - 19 mai 2004
Il
fait bien chaud en ce début de nuit du côté
des Subsistances. Il faut dire que débute pour le commun
des mortels la 2eme édition des Nuits Sonores. Et quel
début de festival, un plateau tout simplement exceptionnel
: de DERRICK MAY à dDAMAGE, du bon son à tous les
étages !!
Arrivée
sur le superbe site classé des Subsistances (non sans avoir
galéré pour se garer, et oui c'est ça de
faire la fête en centre-ville), aux alentours de minuit,
il règne dès l'entrée du site une joyeuse
effervescence laissant présager une belle soirée.
On pénètre directement, dans la grande cour des
Sub', mise en valeur par des jeux de lumières multicolores.
Des dizaines de tables, des centaines de chaises, au moins 2 bars
(avec toutes les consos à 2.5€, un petit prix qu'il
faut souligner) on est bien dans un chill-out géant et
à ciel ouvert. Au bout de la cour, des performers (on dirait
même des travellers) font un espèce de live avec
du son et de la vidéo, très coloré et efficace
!! Il s'avère que ce sont les KING OF OIL, une espèce
de radio pirate enervé mais energisante !
On
file, vers la salle Paul Gremeret, ou se produise en live RENCHENZENTRUM,
trio Berlinois d'Electronica. Une musique bien barrée,
devant un dancefloor déjà considérablement
rempli. Cette salle est très ombre et chaude, avec derrière
les musiciens un écran géant qui donne de l'effet
à toutes les prestations des groupes présents. Suivront
PLAID (que je n'ai pas vu) puis le duo dDAMAGE qui a carément
mis le feu avec un mélange de samples, de distorsions de
guitares, l'ensemble donne un
résultat bien saturé, qui part dans tous les sens.
Les 2 frères sont à fond dedans, pogottant même
l'un contre l'autre: applaudissement du public !! Puis c'est DAVID
CARRETTA qui enchaine et termine la programmation de cette scène.
Avec son look de post soixanthuitard un peu hippie sur les bords,
David propose lui un live beaucoup plus electro tek, il semble
également à fond dedans, et la sono est tellement
surpuissante que ça en devient même difficile de
rester sur le dance floor. Enfin l'esentiel est atteint, cette
salle n'aura pas désempli de la soirée, beau succès
donc pour une programmation plutôt pointue.
Le
gros plateau de la soirée se situait dans la cour carrée
des Subsistances..."hommage à Détroit"...avec
les présences de CARL CRAIG, DERRICK MAY et ROLANDO. Avant
de parler musique, parlons un peu du lieu. La cour carrée
est une cour fermée dans l'enceinte des Subistances, avec
une verrière au dessus. On trouve comme une scène
sur le centre de la cour, qui permet de profiter au mieux de la
sono surpuissante mais pas prise de tête. Quand on pénètre
dans cette cour on trouve face à soi une grande construction
métallique à 2 étages avec tout en haut les
gars qui s'occupent des lumières et en dessous l'espace
pour les djs. L'ensemble est cohérent et laisse le dj proche
de son public sans le stariser. Le dance floor est à la
base sombre mais superbement bien mis en lumière. Le cadre
est donc exceptionnel, et bien utilisé. Le public est dense
voire très dense jusqu'au petit matin, avec beaucoup de
sourires et d'énergie.
Tout
a commencé avec STRAT, qui a ouvert la soirée devant
un public déjà bien garni !! Je n'étais pas
là pour écouter son set mais connaisant ce qu'il
fait ça devait être excellent. Et puis CARL CRAIG
apparait, il propose pendant 1h30 un mix très spécial,
difficilement qualifiable, passant en revue de nombreux styles,
mais avec un sens du dancefloor très prononcé. On
ressent
dans son set toutes les influences qu'il fusionne avec la techno:
jazz, soul...tout en gardant ses références Détroit
(UR-49...). CARL CRAIG est applaudit tout comme AGORIA qui lui
succède, l'enfant du pays de retour devant son public.
Si AGORIA a été pendant longtemps plus connu loin
de Lyon, le retour de l'ex-espoir lyonnais considéré
par LAURENT GARNIER comme son successeur a été salué
comme il se doit. AGORIA a joué ses morceaux, ne s'est
pas contenté de pousser les disques et a su retenir le
public sur le dancefloor avec une belle selection musicale. Durant
tout son set des Vjs Allemands, PFADFINDEREI ont passé
des visuels sur les 2 écrans géants, pas les meilleurs
que j'ai eu l'occasion de voir mais au moins il y eu pendant 2h
des visuels...
Le
tournant de la soirée s'amorce à 3h du mat' quand
DERRICK MAY prend possession des platines. 2h de folie de la part
de la légende de Détroit qui n'a pas failli à
sa réputation. Lyon electronik a eu la chance de le rencontrer
la veille et Derrick nous avait confié se sentir investi
"de responsabilité" et qu'il "avait conscience
d'être un pilier" de la musique électronik.
Et bien on peut le remercier d'avoir tout donné, car Mr
DERRICK MAY a transpiré derrière les platines. Toujours
lors de cette rencontre, Derrick nous disait l'importance pour
lui "de faire vivre une expérience transcendante"
à son public, pari réussi donc tellement le dancefloor
était hypnotisé par la technique du pionnier de
Détroit. C'est quand même incroyable l'aura que dégage
Derrick et sa simplicité. Bravo et merci. Il faut aussi
noter le passage des intermittents du spectacle qui colle des
tracts tout autour du dancefloor, hélas dans l'indifférence
la plus totale du public !
A
5h, celui en qui DERRICK MAY voit "un futur très grand"
ROLANDO arrive derrière les platines. Le public a quand
même un peu déserté les Subsistances et juste
les irréductibles voient le petit jour se lever sur la
verrière pendant le set de Rolando aux influences très
prononcées de Détroit. ROLANDO est beaucoup moins
festif et éxubérant que DERRICK MAY, son set un
peu plus lourd et a en tout cas le mérite d'anéantir
physiquement les derniers ravers !!!
Quelle
soirée donc, en dansant on sentait le dancefloor trembler,
quel plaisir de voir CARL CRAIG applaudir le public, DERRICK MAY
discuter avec les ravers, et ROLANDO esquisser un sourire. Beau
début de festival....vivement la suite !!